Quand nous parlons de la Syrie, nous évoquons l’une des plus anciennes civilisations du monde, nous évoquons le berceau de l’alphabet. Quand nous parlons de la Syrie, nous parlons de la terre de tolérance, qui comprenait sur son territoire les Syriens de toutes les religions. Devenu un exemple de coexistence et de fraternité, le peuple syrien a toujours su vaincre le sectarisme et l’intolérance par sa citoyenneté. C’était la Syrie. Quant à savoir comment elle est aujourd’hui ?
Aujourd’hui, nous tirons la sonnette d’alarme, nous sommes en train de perdre la Syrie, nous perdons son peuple, sa civilisation et son avenir, et tout ça pour rien… pour quelqu’un qui prétend être le président de ce pays contre la volonté du peuple et qui tue des centaines de civils jour après jour et détruit les villes syriennes l’une après l’autre. C’est la Syrie d’aujourd’hui, abandonnée par l’humanité à son sort noir, laissée pour devenir un pays fragmenté et dégradé, laissée pour devenir le théâtre des pires formes de crimes. Créant ainsi un foyer du terrorisme en laissant la violence incontrôlable se répandre sans fin… Créant ainsi un environnement propice à la prolifération de toutes sortes d’extrémisme en s’éloignant chaque jour d’une vie civile sainte et solide… Ne blâmons pas ensuite un peuple qui a réclamé sa liberté, mais blâmons l’humanité toute entière qui n’est pas venue au secours de ce peuple. C’est la faute de ceux qui portent haut la bannière des droits humains et qui sont incapables de défendre des humains qui subissent chaque jour des crimes contre leurs enfants.
Cette violence sème le fanatisme et l’intolérance, notamment quand certains membres du clergé contribuent à diffuser la culture de la haine, eux qui sont censés répandre la culture de l’amour et la paix entre les gens, ils soutiennent malheureusement cette politique criminelle du régime. Ils nient la souffrance du peuple et ignorent les corps mutilés d’enfants. Ils parlent sans droit au nom des minorités Syriennes, ils leur imposent ces positions irresponsables et leur feront payer, ultérieurement, au prix cher cette inhumanité.
Après une année de violence, plus de 300000 morts et plusieurs villes détruites, personne ne croit que Bachar Al Assad continuera à présider la Syrie. Qu’est-ce que le monde attend donc pour réagir envers ce peuple ? Si le monde n’avait pas choisi d’étrangler l’humanité au profit des intérêts économiques et au profit des commerçants d’armes et si tous les pays avaient refusé de couvrir d’une manière ou d’une autre cette injustice, nous ne serions pas là aujourd’hui.
Quelques pays voulaient se prévaloir au maximum de cette guerre, d’autres voulaient attendre la dernière minute jusqu’à l’affaiblissement économique et social entier de la Syrie avant de réagir, attendre jusqu’à ce qu’elle devienne un pays affligé, faible, qui a besoin de dizaines d’années pour se réorganiser, ce qui convient aux intérêts de nombreux pays dans la région. Tout cela sera au détriment de l’humanité une fois de plus. Le monde regrettera d’avoir déçu ce peuple si pacifique, de l’avoir laissé seul affronter l’horreur de ces massacres, de l’avoir obligé à s’armer, à se venger et à se haïr.
Malgré les vidéos et les images que les rebelles et les journalistes ont montré au monde en risquant leur vie, il reste une face cachée, qu’on ne peut pas voir mais qu’on peut sentir et vivre en Syrie, notamment à Damas, théoriquement moins touchée par la révolte, mais où les gens subissent d’horribles pressions psychologiques, sur les lieux de travail mais aussi dans l’entourage proche, des pressions dues aux conflits entre partisans et opposants du régime, conflits qui peuvent atteindre les membres d’une même famille. Les Damascènes vivent au quotidien dans la crainte car la sécurité des gens n’est plus assurée puisque tous les dispositifs de sécurité du pays ont pour seul objectif la protection de Bachar Al Assad et sa famille, tandis que des enlèvements et des disparitions de civils se multiplient jour après jour. Les quartiers mobilisés à Damas sont « punis » par les coupures de courant, de téléphone et de l’internet. C’est comme si on vivait dans une grande prison, c’est terrible de penser que le sort de tous ces gens est décidé par ce régime criminel.
Le problème syrien est devenu un problème humanitaire et non politique, le nombre de victimes n’arrête pas d’augmenter. La Syrie a besoin de la solidarité du monde car, comme la peste, la violence est une maladie contagieuse.